Histoire de Taïwan

Longtemps inconnue des plus grandes civilisations, l’île de Taïwan aura su attiser bien des convoitises au cours des siècles, notamment à partir de la seconde moitié du deuxième millénaire (à partir du XVIème siècle). Alors traversée successivement par différents peuples, qu’ils soient aborigènes tout d’abord, puis européens, chinois et japonais, Taïwan s’est vu se faire forger en son sein une identité unique, en constante évolution. Rares sont les pays dont les vagues successives de populations auront à ce point influencé leur histoire.

Des origines à 1683

Les premiers vestiges humains trouvés sur Taïwan remontent à près de 30 000 ans, une époque où l’île d’aujourd’hui était alors accessible par terre depuis le continent. Depuis, le niveau de la mer a monté, isolant les quelques peuples qui ont émergé sur l’île depuis l’an 3000 avant notre ère. Jusqu’au XVIème siècle, les contacts entre ces populations et le reste du monde étaient bien pauvres, voire inexistants. C’est en 1544 que des marins portugais navigant dans la région lui donnèrent son premier surnom, Ihla Formosa, « la belle île ».

Mais c’est seulement 80 ans plus tard en 1624 que la Compagnie Néerlandais des Indes Orientales, toujours à la recherche de nouveaux territoires, fonda une colonie sur la côte Sud-Ouest de l’île, où se trouve l’actuelle Tainan, et plus tard une base dans l’actuelle Tamsui. Le commerce y fut très profitable pour les Néerlandais : soie, porcelaine, sucre, riz… Mais s’avérera de courte durée.

Dans la première moitié du XVIIème siècle, la dynastie des Ming, alors au pouvoir en Chine depuis 1368, dut faire face à de très nombreuses crises : épidémies, sécheresses, famines… De nombreuses provinces se virent alors abandonnées, entrainant rapidement de très nombreuses révoltes auxquelles participèrent les Mandchous (de Mandchourie, au Nord-Est du pays). Ces derniers, très organisés, parvinrent à conquérir rapidement le reste du pays et de fonder la dynastie des Qing (1644-1912).

Parmi les loyalistes des Ming se trouvait Koxinga (Zheng Chenggong), un général, qui lança une campagne militaire afin de renverser les nouveaux arrivants à la tête de la Chine. Après une série de défaites cuisantes, il fut repoussé au Sud et c’est vers 1660 qu’il vit Taïwan comme le lieu idéal pour regrouper ses troupes. Dès l’année suivante, il prit par surprises les Européens présents sur les lieux, les encerclant et les forçant ainsi à se rendre. Ceux-ci furent autorisés à déplacer leurs quartiers généraux vers l’Indonésie.

Malheureusement pour lui, Konxinga mourra en 1662 de la malaria, peu de temps après avoir fondé le royaume de Dongning, qui durera 21 ans. C’est son petit fils qui rendra les armes face aux armées des Qing, qui prirent le contrôle de l’île en 1683, annexant le territoire à l’Empire de Chine.

Empire Chinois 1683-1895

Taïwan ne rentrait clairement pas dans les plans des Qing, qui virent l’île comme un territoire n’apportent rien de bon à l’empire, si bien qu’il fut interdit aux Chinois de s’y installer. Interdiction qui ne fut cependant pas respectée, notamment par les habitants du Fujian (Sud-Est de la Chine), qui faisant face à des pénuries de nourriture et à une pauvreté grandissante, décidèrent de se rendre à Taïwan avec l’espoir d’y trouver une vie meilleure. Ainsi, et ce jusqu’en 1885, Taïwan fut considéré comme faisant partie du Fujian, avant d’être nommée comme une province à part entière.

C’est donc dès le XVIIIème siècle que l’île commença à voir émerger des villes de taille moyenne et des temples. Mais c’était sans compter la corruption grandissante, qui entraîna des affrontement entre les migrants du Fujian et les aborigènes de Taïwan notamment.

Au début du XIXème siècle, on pouvait compter plus de 2 millions d’habitants sur l’île. Les différences ethnies se mélangèrent facilement, donnant naissance à une identité toute nouvelle et unique, propre à Taïwan.La situation politique et économique venant à se stabiliser, l’île de Formose commença alors à attiser les convoitises de forces extérieures, parmi lesquelles le Japon, L’Empire britannique et la Russie. Ces derniers ne cachèrent pas leur intérêt et établirent des liens commerciaux notamment dans les ports de l’île.

Il aura fallu attendre le conflit avec la France au Vietnam et le rapprochement de celle-ci avec Taïwan pour que la Chine décide enfin d’agir et d’investir plus de ressources dans l’île, construisant des places défensives sur le territoire.

Occupation Japonaise 1895-1945

Suite à la défaite de la Chine face au Japon au cours de la guerre sino-japonaise (1894-95), les Qing durent céder Taïwan à ce dernier. Les Japonais passèrent les 6 premiers mois de l’occupation à mater la résistance locale, perdant des milliers d’hommes à cause des maladies qui ravagèrent l’île. Ainsi, améliorer les conditions sanitaires fut l’une des priorités des Japonais, et développèrent notamment un réseau ferroviaire très fiable.

Mais les populations aborigènes souffrirent énormément de l’occupation, et assistèrent impuissants à l’appropriation de leurs terres par les Japonais. Ce qui entraîna des révoltes, rapidement éteintes par les nouveaux occupants de l’île.

Taïwan fut une base militaire importante du Japon au cours de la Seconde Guerre mondiale : on comptait alors près de 200 000 Taïwanais dans l’armée japonaise. Et si le Japon rendit Taïwan à la Chine en 1945, sa présence sur l’île restera gravée à jamais.

Après la Seconde Guerre Mondiale 1945-1975

Parti au pouvoir en Chine, le Kuomintang et son chef de file Chiang Kai-Shek décidèrent d’intégrer Taïwan au régime mis en place en Chine continentale. Cependant, les Taïwanais ne mirent pas longtemps avant de se soulever contre ce nouveau régime, jugé injuste par les locaux : économie mal gérée, corruption… Au moment de l’intervention des troupes chinoises, le drame fut alors inévitable : des milliers de Taïwanais périrent au cours d’un massacre désormais connu sous le nom de l’incident 228 (28 février).

À la fin de l’année 1949, Chiang Kai-Shek fuit la montée du communisme de Mao et s’installa à Taïwan, déplaçant avec lui les plus beaux trésors de Chine, dont la majorité est aujourd’hui enfouie dans les entrailles du Musée national du Palais, à Taipei. Plus de 1,5 millions de Chinois suivirent Chiang Kai-Shek dans son exil à Taïwan, qui déclara la République de Chine comme dirigeante légitime de toutes les Chines, et que toute opposition y est interdite.

Le nouveau gouvernement en place lança alors une série de réformes pour moderniser le territoire, sur lequel émergèrent alors des usines en très grand nombre.

Devenue plus prospère, Taïwan vit sa population doubler entre les années 50 et 70, pour atteindre près de 15 millions d’habitants.

De 1975 à nos jours

À la fin des années 70 et après la mort de Chiang Kai-Shek en 1975, Taïwan vit les États-Unis rompre leurs liens diplomatiques afin d’en établir de nouveaux avec la République populaire de Chine. Cela sonna le glas du Kuomintang, qui décida alors de lever la loi martiale sur l’île et autoriser la fondation de nouveaux partis politiques (plus de 200 aujourd’hui). De nouvelles libertés furent alors accordées aux Taïwanais, comme la possibilité de voyager à l’étranger par exemple.

Le premier président de Taïwan Lee Teng-hui poussa encore plus loin le procédé démocratique : les médias gagnèrent en liberté, la population se voyait mieux représentée au parlement… De plus, le système de santé et sécurité sociale gagna en efficacité prenant en compte toutes les couches de la société. Lui succéda alors le nouveau Parti Démocrate Progressiste  (PDP) en 2000, qui perdit les élections de 2008 face au Kuomintang, qui regagna ainsi le pouvoir jusqu’en 2016, année où le PDP reprit le pouvoir présidentiel et parlementaire.